Vendredi 24 janvier
Vendredi 24 janvier
Samedi 20 janvier
La Criée centre d'art contemporain,15h00-17h00
HANATSU miroir / Will Guthrie
C'est à une véritable invitation au voyage auxquels nous invitent à La Criée centre d'art contemporain l'ensemble HANATSU miroir et le batteur d'origine australienne Will Guthrie. Les improvisations du musicien globe-trotteur, nourries de ses nombreuses collaborations aux quatre coins du monde, viendront s'intercaler entre les compositions du canadien Samuel Andreyev et des japonais Malika Kishino, Kenji Sakai et Joli Yuasa, écrites en étroite collaboration avec les trois interprètes de l'ensemble HANATSU miroir.
Entrée libre et gratuite
La Criée centre d'art contemporain, Place Honoré Commeurec, 35000 Rennes
Droits réservés
Pour cette édition d’Autres mesures, le trio instrumental de l’ensemble HANATSU miroir propose une sélection de pièces écrites ou travaillées au plus proche du compositeur.
Les 5 pièces de Samuel Andreyev balayent les différentes conceptions du temps. En 5 moments musicaux écrits pour un instrumentarium d’objets sonores hétérogènes et flûtes, le compositeur dégrade le temps strillé du premier mouvement.
En écho à ce duo, son solo Passage parcourt quant à lui les étages dynamiques les plus ténus de la clarinette.
Malika Kishino aborde une écriture qui engage le corps via le geste instrumental Elève de Yoshihisa Taïra, son esthétique grinçante, parfois même violente, donne une place particulière à la flûte contrebasse, cinglante et envoutante dans Monochromer Garten VII.
Enfin, Kenji Sakai a lui travaillé sur le registre extrême grave des instruments de l’ensemble. Dans son dyptique Howling-Whirling, il explore les possibilités d’interaction entre la flûte contrebasse, la clarinette contrebasse et la grosse caisse avant de retrouver son identité musicale scintillante augmentée cette fois de petites pointes néoclassiques.
Olivier Maurel : percussions
Thomas Monod : clarinettes
Ayako Okubo : flûtes
Programme :
Samuel Andreyev : 5 pièces (13’) / Passages (7’)
Malika Kishino : Monochromer Garten VII (14’)
Joli Yuasa : Clarinet Solitude (8’)
Kenji Sakaï : Howling/Whirling (20’)
HANATSU miroir
Crédits Dave Neufeld
Will Guthrie
Quiconque l’a déjà vu en concert sait combien cet homme est multiple. L’émigrant australien a posé ses valises à Nantes en 2004. Il a depuis gravé son empreinte parmi celles des plus singuliers batteurs et/ou percussionnistes qui martèlent l’espace sonore des musiques expérimentales de par le globe. Avec son approche brute et pourtant érudite de l’instrument, on oublie la technique, on écoute la musique.
Habitué à tourner aux quatre coins du globe en solo, on le croise aussi régulièrement entouré de la crème des stakhanovistes les plus aventureux de la free music d’aujourd’hui comme Roscoe Mitchell, Oren Ambarchi, Mark Fell, Anthony Pateras, Jerome Noetinger, Jean-Luc Guionnet, Mike Patton, Keith Rowe, ainsi que la danseuse / chorégraphe Mette Ingvartsen et le cinéaste Hangjun Lee. A peine la quarantaine et il a déjà sorti plus de 40 al- bums sur des labels de renom tels que Black Truffle, Editions Mego, Clean Feed et Ipecac.
Will Guthrie est aussi un homme qui s’est nourri de sons de partout, et il nous fait entendre ce qu’il en a digéré. Une musique aux racines apparentes mais à la modernité bien affirmée. Il a étudié l’improvisation au Victorian College Of The Arts et pris des leçons privées avec Tony Williams et Adrian Sherriff. Après avoir remporté les Wangaratta National Jazz Awards (batterie) en 1997, il a joué avec certains des plus célèbres musiciens de jazz aus- traliens tels que Mark Simmonds, David Ades, Paul Grabowsky, Julien Wilson et Steve Magnusson. Mais son insatiable besoin de pousser son jeu en territoire insoumis l’a égale- ment amené à étudier la musique gamelan, le flamenco, la musique carnatique indienne du sud, les musiques ouest-africaines, ainsi que la composition et la musique pour le théâtre, la danse et les productions cinématographiques. Et parce que la pratique sonore ne lui suffit pas, Will est aussi impliqué dans la vie musicale des territoires qu’il traverse : en 1997, à Mel- bourne, aux côtés de Ren Walters, il lance la série de concerts hebdomadaires Improvised Tuesdays, maintenant connue sous le nom de Make It Up Club ; à Nantes, il découvre et programme des artistes avec l’association CABLE #, dont le festival autogéré tient la dragée haute à toutes les initiatives subventionnées en France. Et last but not least, il dirige égale- ment le label expérimental ANTBOYMUSIC.
Mais, pour être précis, sa « multiplicité » ne concerne pas uniquement la diversité de sesprojets mais le fait qu’il est un musicien « pluriel » au sens propre. Il suffit d’écouter l’un de ses derniers disques ‘Sacrée Obsession’ pour s’en rendre compte. Un enregistrement live, sans aucune retouche ni overdub. Ce n’est pas un solo qui s’entend, c’est une affaire à plusieurs. Il fait parler plusieurs voix. Il devient un ensemble. Et un ensemble sacrément sérieux qui s’apparente aux rituels collectifs. C’est une communauté au travail, on s’écoute la plupart du temps, on se répond, on se coupe la parole aussi. L’un monte le ton, un autre soliloque en aparté, et toujours la tension entre ces discours est palpable.
Chaque face présente une pièce unique, un « laps de temps » où quelque chose de la contempla- tion se propose à l’oreille. Un travail sur la durée bien sûr, mais pas sur la lenteur. Une colonie de petits êtres qui tapent tous en rythme mais pas le même pendant que le maître de cérémonie sonne le glas. Un fourmillement incessant, une agitation permanente mais qui n’avance pas. Un battement repris, mais jamais à l’identique. Comme des millions de contractions pour tenir immobile.
C’est la force incroyable de ses performances, de ne pas céder au plaisir du bavardage sans lâcher une seconde l’attention de l’auditeur. Will Guthrie ne se répète pas, il s’acharne depuis des années maintenant à remettre au métier son ouvrage et ça porte ses fruits, ça s’entend, ça se précise, ça s’épure, ça approche une certaine idée de l’essentiel. Il y a quelque chose de solennel là-dedans. Les sonorités influent forcément (les bols tibétains, la grosse caisse de concert, les bells etc.) mais c’est l’intention derrière qui s’écoute avant tout. Le sacré placé entre le folklo- rique et le spirituel, qui s’interprète et se relit à l’aune de chacun, un truc qui dépasse clairement le solo de percussions...
Will Guthrie : batterie, percussions